Aller au contenu

Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
360
journal de ma vie.

Le mardy 22me je fus tout le jour occupé a mes travaux.

Le mercredy 23me j’en fis de mesme.

Le jeudy 24me je vins disner au Pont de la Pierre ou le conseil se tint.

Mr du Hallier partit pour aller a Paris.

Je fus dire adieu a Mr de Rambouillet, et vins voir Beauvilliers quy se mouroit.

Le vendredy 25me le temps fut mauvais : on ne travailla point.

Le samedy 26me Jean Farine[1] vint tirer un coup de pistolet a un Suisse quy levoit des gasons pour la redoutte de Lafons. J’estois là aupres avec M. de Toiras quy passa pour courre apres, et d’autres aussy, et moy de mesme ; nous allames jusques a la barriere de la porte de Coygnes quy estoit fermée, et Jean Farine se jetta dans la contrescarpe. Il n’y avoit pas un homme sur les remparts pour nous tirer, hormis au retour que l’on nous tira cinq canonnades qui faillirent a nous tuer.

Le soir un prisonnier nommé Saint Siforien se sauva de mes prisons.

La tempeste commença par un siroist[2] qui dura toute la nuit.

  1. « La Riviere, autrement Jean Farine, soldat de la Rochelle, hardy au possible, et qui fit fort parler de luy. » (Journal de Mervault.) — Le cardinal de Richelieu (Lettres et papiers d’État, t. III, p. 42) écrit au roi que Jean Farine avait été fort blessé dans l’affaire du 19 février ; on voit que c’est une erreur. Ce fut un autre brave soldat de la Rochelle, un tisserand nommé la Forêt, et surnommé le Linger à cause de son état, qui succomba dans cette rencontre : Arcère et Mervault le disent pareillement.
  2. Un vent de sud-ouest.