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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/430

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appendice.

à sa réponse une lettre dont je possède une expédition revêtue de cette suscription de sa main : « Repons a la lettre de M. de Tronson qui accompagnoit celle du roy », et signée, également de sa main : « Vostre tres humble serviteur P. Jeannin ; » Dans cette lettre le président Jeannin dit à M. Tronson :


« Monsieur

J’ay veu par deux fois la Royne a laquelle j'ay donné des la presente veue[1] les lettres qu’il auoit[2] pleu au Roy m’adresser. Elle les a receu auec respect et submission. Et apres les auoir leu m’a tesmoigné qu’elle ne desiroit rien auec plus grande affection que d’estre honorée des bonnes graces du Boy et de luy donner contentement par toutes ses actions et deportemens. Mais qu’elle se trouue empechée de refuser a Madame la Connestable la liberté de la venir voir tous les jours, puis qu’elle est obligée de l’y receuoir a cause de la charge dont il a pleu a Sa Majesté l’honorer en sa maison qui n’a encor esté reuocquée. Qu’elle se debuoit marier dans quatre ou cinq jours auec Monsieur le Prince de Joinuille, et que ce mariage luy donneroit plus de facilité de satisfaire au commandement du Roy qu’elle veult preferer a toute autre consideration et respect. J’ay loué son affection et l’ay suplié tres humblement d’y continuer tous jours, comm’ estant le vray moyen de se conseruer en l’amitié du Roy que tous les gens de bien jugent necessaire affin qu’il plaise a Dieu faire naistre de leur mariage des enfans qui soyent heritiers de ce grand Royaume sans quoy leur mariage ne pourroit auoir un heur du tout entier et parfait. Elle a bien pris les raisons que je luy ay representé sur ce subject suyuant le commandement que le Roy m’en auoit fait. Me disant que son plus grand deplaisir estoit de ce que Sa Majesté ne luy auoit dit elle mesme ce qui estoit de son intention sans que tant de gens y eussent part, a quoy elle eust aussy tost obey comme elle fera tousjours en toute autre chose ou il luy fera entendre ce qui sera de sa

  1. Correction de la main du président Jeannin.
  2. Idem.