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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/65

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1622. juin.

de ses chevaux legers commandée par Mr d’Ouctot[1], ce que le roy trouva bon. Mr le Prince estoit lors au conseil des parties pour y faire passer quelque affaire, et s’envoya excuser d’aller au conseil de guerre, nous mandant que sans luy en dire davantage, nous missions en execution ce quy auroit esté resolu. Comme il revint le soir cheux luy, demandant Ouctot, on luy dit qu’il estoit a la guerre avec Mr de Valançay et ses deux compagnies ; il s’en revint lors en colere au coucher du roy, se plaignant de ce que l’on luy vouloit faire recevoir un affront et luy faire deffaire ses deux compagnies comme l’on avoit fait l’année precedente celle de monsieur le connestable, et que moy, quy avoit fait faire le premier affaire, voudrois bien qu’il luy en arrivat autant. Le roy dit que je n’y avois rien contribué, que Mr de Valançay luy avoit demandé la commission, et d’y mener les deux compagnies susdites, et que Sa Majesté avoit esté bien ayse de luy accorder, pensant faire plaisir a Mr le Prince. Il insista neammoins toujours que c’estoit un tour de mon mestier que je luy avois joué, et que je n’estois point son amy. Le roy m’envoya querir apres qu’il fut retiré, et me conta tout ce qu’il avoit dit ; et moy, je ne luy niay point[2] le discours qu’il m’avoit tenu dans la chapelle du cloistre. Mais comme il est tres dangereux d’avoir la disgrace d’une personne de cette qualité quy est vostre general, je suppliay tres humblement le roy, ou de me remettre bien avec luy, ou de me per-

  1. « M. d’Auctot, grand favory de Monseigneur le Prince. » (Mémoires de Beauvais-Nangis.)
  2. C’est-à-dire : je ne lui cachai point.