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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/142

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1631. février.

dicier a quelqu'un. Puis je manday a Mr le comte de Gramont que je m’en allois trouver le roy a Senlis, et que, s’il y vouloit venir, je l'y menerois, ce qu’il fit volontiers, et l’estant venu prendre a son logis, il monta en mon carrosse, et nous allames jusques a Louvre[1] ou nous trouvasmes Mr le Comte, Mr le cardinal de la Vallette, et Mr de Boullon[2] quy montoint en carrosse, apres s’estre chauffés, pour passer a Senlis. Il voulut[3] que Mr de Gramont et moy nous missions en son carrosse pour y aller de compagnie, et me dit que je me vinsse chauffer : puis en montant quand et moy dans la chambre, il me dit : « Je sçay asseurement que l’on vous veut arrester ; sy vous m’en croyés vous vous retirerés, et sy vous voulés voylà deux coureurs quy vous meneront bravement a dix lieues d’icy. » Je le remerciay tres humblement et luy dis que n’ayant rien sur ma conscience de sinistre, je ne craignois rien aussy, et que j’aurois l'honneur de l’accompagner a Senlis, ou nous arrivasmes peu après et trouvasmes le roy avec la reine sa femme dans sa chambre et mesdames la Princesse et de Guymené[4]. Il vint a nous et nous dit : « Voylà la bonne compagnie » ; puis ayant un peu parlé a Mr le

  1. Plusieurs éditions précédentes, mais non les premières, portaient : jusqu’au Louvre.
  2. Frédéric-Maurice de la Tour, duc de Bouillon, alors prince de Sedan, et depuis, par échange avec le roi, duc d’Albret et de Château-Thierry, fils aîné d'Henri de la Tour, vicomte de Turenne et duc de Bouillon, et d’Élisabeth de Nassau, sa seconde femme, né le 22 octobre 1605, mort le 9 août 1652.
  3. Il, le comte de Soissons.
  4. Il y avait aux précédentes éditions : et madame la princesse de Guymené. — Voir t. II, p. 147, note 1.