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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/287

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journal de ma vie.

françoises contre pareil nombre d’espagnoles, presque a la veue de Gesnes, le combat ayant esté fort opiniatré, lequel en fin se termina a l’advantage de la France, les galeres espagnoles ayans par la fuitte[1] quitté la partie avec perte de cinq des leurs et de deux des nostres.

En ce mesme temps Mr le mareschal de Chastillon sur la mauvaise satisfaction que l’on avoit de luy pour le succes du siege de Saint Omer, receut commandement de se retirer en sa maison.

Mais le 5me de ce mois, jour de dimanche, a onse heures du matin, naquit Mr le Dauphin, apres avoir tenu la reine en travail pres de cinq heures. Ce fut une resjouissance sy universelle par toute la France qu’il ne s’en estoit precedemment veu une pareille : les feux de joye durerent plus de huit jours continuels.

Il y eut en suitte, pour moderer cette joye, une fascheuse nouvelle du costé de Fontarabie, le siege de laquelle ville ayant desja duré plus de deux mois, on en attendoit tous les jours la prise, quand au contraire. on receut la nouvelle que les Espagnols, le 7me de ce mois, avoint forcé nos retranchemens quy avoint esté assés legerement abandonnés par les nostres avec une telle espouvante que toute l’armée se retira en grand desordre, laissant tout bagage et tous les canons au pouvoir des ennemis, ayant perdu quelque huit cens hommes tués de coups de main et pres de deux mille noyés, et ce a la veille qu’elle devoit estre prise, les assiegés ayans mandé a l’admirante et au marquis de

  1. Il y avait aux précédentes éditions : par la suite.