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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/289

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journal de ma vie.

cette grande desroutte, et quy en estoit chargé. Chascun s’en deschargea sur Mr le duc de la Vallette, quy fut en mesme temps mandé pour venir rendre compte au roy de ses actions. Mais luy, voyant qu’il n’avoit pas les rieurs de son costé, s’embarqua dans un vaisseau escossois qu’il fit esquipper en guerre, et s’en alla en Angleterre ou il fut le bien receu, ou la reine mere estoit aussy peu de temps auparavant arrivée. Mais comme ils eurent l’un et l’autre de grandes tempestes sur la mer, ils n’y aborderent que le mois suyvant[1].

Il se passe peu de mois qu’il ne m’arrive, outre mon malheur ordinaire, quelque nouvelle disgrace : celuy cy m’en donna une bien amere, quy fut que le duc Charles dont mes predecesseurs avoint rendu tant de signalés services aux siens, et que j’avois soigné tant qu’il estoit en France jeune garson comme sy j’eusse esté son gouverneur, de quy mon neveu de Bassompierre estoit tant passionné qu’outre qu’il a longtemps souffert ses extravagances, a despendu cent mille escus du sien en le servant et y a esté pris prisonnier et estropié d’un bras, et mon neveu le chevalier l’estoit depuis trois mois venu [trouver] contre son bien et ma volonté, envoya le lundy 5me[2] de ce mois le colonel Cliquot avec trois regiments d’infanterie, trois de cavalerie, et deux pieces de canon, prendre ma maison de Harouel, quy ne faisoit point la guerre, et quy n’estoit point importante a ses

  1. La reine-mère, et après elle le duc de la Valette, n’arrivèrent en Angleterre qu’au mois de novembre. L’auteur parle plus loin de ces deux faits à leur date exacte.
  2. Le lundi était le 6.