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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/71

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journal de ma vie.

s’estoit trouvé las de la traitte qu’il avoit faitte ce jour là, ce quy l’avoit empesché d’aller jusques a Montauban, outre l’incommodité du logement qu’il y eut peu rencontrer pour luy et pour sa compagnie. Je fus faire cette ambassade a monsieur le cardinal, quy la trouva fort mauvaise et s’imagina que la gloire de Mr d'Espernon ne se vouloit pas abbaisser jusques a le venir voir dans son gouvernement de Guyenne, auquel le roy avoit donné un pouvoir absolu a monsieur le cardinal. Il se mit fort en colere et me dit que je luy mandasse qu’il ne le vouloit point voir par les champs ny hors de la Guyenne, et qu’il iroit par Bordeaux bien qu’il eut resolu son chemin par l’Auvergne, seulement affin de s’y faire reconnestre et obeir suyvant son pouvoir, et qu’il y establiroit un tel ordre que la puissance que Mr d’Espernon y avoit en seroit plus ravallée. Je moderay ces discours quand je fis response au comte de Maillé, et escrivis a Mr d’Espernon pour le convier de venir a Montauban pour eviter de s’attirer cet homme tout puissant sur ses bras. Le comte de Maillé alla et revint a trois heures de là me rapporter response que Mr d’Espernon viendroit le lendemain matin a Montauban saluer monsieur le cardinal, puisqu’il n’en partoit point devant disner comme on l’en avoit asseuré, et qu’il me prioit qu'il me peut voir avant son arrivée, et Mr de Montmorency aussy ; au surplus qu’il s’attendoit que je luy donnerois a disner. Je fus le soir dire cette venue a monsieur le cardinal quy fut rappaisé, trouva bon que j’allasse au devant de luy, voulut mesmes que l'infanterie se mit en armes a son arrivée, et me dit qu’il luy vouloit donner a disner et a moy aussy, et que nous luy ferions tous deux