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Page:Bastide - La Petite Maison.djvu/50

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vous jugez mal de moi. Je vous le dis à présent sans intérêt, car je vois bien qu’avec un cœur cent fois plus tendre que vous ne m’en croyez un indifférent, je ne vous toucherois pas ; mais il est certain que je suis plus capable que personne d’amour et de constance. Notre jargon, nos amis, nos maisons, notre train, nous donnent un air de légèreté et de perfidie, et une femme raisonnable nous juge sur ces dehors. Nous contribuons nous-mêmes volontairement à cette réputation, parce que, le préjugé général ayant attaché à notre état cet air d’inconstance et de coquetterie, il faut que nous le prenions ; mais, croyez-moi, la frivolité ni le plaisir même ne nous emportent pas toujours : il est des objets faits pour nous arrêter et pour nous ramener au vrai, et, quand nous venons à les rencontrer, nous sommes et plus amoureux et plus constans que d’autres… Mais vous êtes distraite ? à quoi rêvez-vous ?