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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/81

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Il dort déjà…

Dors tendrement,

dors doucement,

dors sans savoir, toute une vie…

Oh ! je n’en peux plus… je ne peux plus !

Écartez-le, mon Dieu,

enlevez-le de mes bras,

enlevez-le de mon cœur… Marie, Marie du ciel, mère des cieux,

donnez-moi la force d’accomplir le prodige,

le petit bout de force qu’il me faut.

Encore un mois…

vous me punirez après dans votre éternité !

(Elle parcourt la salle.)

Pas une croix au mur !… pas une image…

Ah ! toi ! scapulaire, —

petit scapulaire de mon cou,

je te demande ma grâce.

Nous en avons porté la nouvelle au monde,

je donne la mort à qui la veut…

Dis, j’ai dû bien te chagriner, scapulaire,

en pressant contre toi tant de cœurs,

si fort tant de cœurs,

que tu les as entendus battre sans doute…


Je sens que je ne serai pas pardonnée,

et que la clef du ciel est perdue…