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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/145

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valeur, son courage ; mais ses petites délicatesses, moi seule je les connaissais. Il était si bon ! je respectais ses volontés… Et Simone ! Simone… où est Simone ? Il ne faut pas qu’elle sache, il ne faut pas qu’on entende mes cris, où est-elle, cette enfant ? Empêchez-moi de crier !

GINETTE.

Simone est en ville. Ne vous inquiétez pas d’elle.

CÉCILE.

Il faudra lui cacher la fin de son père le plus longtemps possible, n’est-ce pas ?… Cet homme va revenir, dites, Ginette ?… Je suis en état d’écouter tout ce qu’il ne m’a pas dit. Je veux savoir.

GINETTE.

Quoi ?

CÉCILE.

La chose terrible ! S’il a souffert… Comment était le corps, la blessure… Ç’aura été effroyable ! s’il a dû s’avancer tout seul…

(Les yeux fixes, elle a l’air de considérer devant ses pieds la scène d’épouvante. À son tour, Ginette regarde dans l’espace, devant elle. Les deux femmes se représentent le tableau d’horreur. Mais leurs expressions ne sont pas pareilles.)
GINETTE.

Oui, tête haute ! en avant… Je le vois ! Il a marché, il voyait la mort ! Il a dû s’avancer sans peur…

CÉCILE, (pelotonnée, les mains au visage.)

Taisez-vous ! taisez-vous donc ! Je ne veux pas voir… Oh ! l’agonie… Quelle chose abominable ! Par terre… là… tout seul… dans un champ… Je vois ses efforts… pour se traîner… je…