Aller au contenu

Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CÉCILE, (que ces voix exaspèrent.)

Ah ! vous aussi, vous aussi, parbleu ! La gloire ! la gloire ! Vous trouvez qu’il a fait son devoir, n’est-ce pas ? Ils sont inouïs !

MONSIEUR DE SAINT-ARROMAN.

Il a fait plus que son devoir. C’est admirable !

CÉCILE, (s’animant encore plus à mesure.)

Il devait d’abord penser à moi, à sa fille…

MADAME DE SAINT-ARROMAN.

Ne dites pas ça,… à l’heure actuelle où des millions d’êtres font le sacrifice de leur vie comme il l’a fait de la sienne !

CÉCILE.

Mais sa vie, le pays ne la lui demandait même pas !… C’est à nous qu’il la devait !… Je vous dis qu’il est mort comme un lâche… Je le sais, moi !

(À ce mot, un souffle de stupéfaction passe sur toutes les têtes.)
MADAME DE SAINT-ARROMAN.

Qu’est-ce qu’elle dit ?

MONSIEUR DE SAINT-ARROMAN.

C’est sa douleur qui l’emporte !

CÉCILE, (cherche du regard Ginette.)

Il a tout trahi !

GINETTE.

Elle perd la tête ! Ne l’écoutez pas.

MADAME DE SAINT-ARROMAN.

Pauvre, pauvre Cécile, ne blasphémez pas ! Je vous comprends mais ne dites pas de pareils mots, que rien n’excuserait, même la douleur !

(Germaine depuis un moment s’est vivement emparée de la petite Simone et l’a entraînée dans la chambre. À ce moment, Monsieur Duard entre.)