Aller au contenu

Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DARTÈS.

D’abord, en attaquant Gibert, je n’ai pas eu l’intention d’engager le journal dans une campagne, ni de lui donner une impulsion politique. Je reconnais ne pas avoir assumé, en effet, d’autres fonctions que celles de directeur littéraire d’un grand quotidien ; pour le surplus, j’ai un article hebdomadaire à fournir ; c’est vous-même qui me l’avez dit en m’appelant à la direction ?

LASSERRE.

Pardon, nous ne pensions pas, en vous appelant à ces fonctions, qu’une personnalité pondérée comme la vôtre prendrait tout à coup le mors aux dents, écrirait des articles révolutionnaires, résolument contraires à l’esprit impartial… et même, disons le mot, gouvernemental du journal qu’il dirige… Déjà, vous avez écrit quelques leaders tendancieux qui auraient dû nous faire ouvrir l’œil.

DARTÈS.

Les opinions isolées d’un rédacteur n’engagent pas nécessairement un journal.

DUMONTEL.

La preuve, ce sont les ricanements qui m’ont accueilli tout à l’heure quand je suis arrivé au Sénat !… La preuve, ce sont ces désabonnements immédiats…

DARTÈS.

Quelques isolés… Une bande d’abonnement n’est pas un bulletin d’adhésion aux idées exprimées dans un journal.

DUMONTEL.

Quelle méconnaissance du public, ou quelle mauvaise foi !… Dans la vie, on ne choisit pas toujours sa femme, ni même sa maîtresse, mais on