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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/295

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Tu es murée dans ta résolution implacable, dans ton rôle de servante de grand homme !… Ah ! si tu pouvais connaître la pauvre et simple humanité de tout cela !… Mais tu as raison, n’en parlons plus !… Ce qu’il y a de certain, c’est que la privation de toi m’est intolérable !… Je ne m’habitue pas à l’idée que le soir, quand je rentre, tu n’es plus là… Je t’appelle, je te cherche !… Oh ! rassure-toi, je ne suis pas venue essayer de t’attendrir ! Je sais que ta volonté n’est pas de celle qu’on fléchit.

RENÉE.

La tienne non plus… Vois-tu, quand deux êtres en sont arrivés où nous en sommes, le mieux est de ne plus se faire souffrir ! À quoi serviraient des mises en présence perpétuelles, des chagrins inévitables, puisque, forcée d’opter, je suis résolue à rester avec lui jusqu’au bout !

MADAME DARTÈS.

Jusqu’au bout !… Ah ! tu te rends bien compte de ce que cet engagement contient de renoncement et peut-être même d’épouvante ! Voilà ce qui m’indigne… Voilà ce que je suis venue te crier une dernière fois !… Cet homme n’a tout de même pas le droit de disposer ainsi de ton avenir !… Quand je songe à la vie qui t’attendait, élégante, claire, facile… au mariage auquel tu étais destinée !…

RENÉE.

Penh !… Tu me fais hausser les épaules… Quelle puérilité !

MADAME DARTÈS.

Mais si, mais si… cela compte aussi ! Par la force des choses tu vas rouler dans les bas fonds populaires !… Tu seras dépréciée, gâtée !… Oh !