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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/310

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DARTÈS.

Pas maintenant, bien sûr… mais plus tard, qui sait ?… Tu te reprendras, tu réfléchiras !…

RENÉE.

Je ne t’aimerai que davantage…

DARTÈS.

Il y aura toujours entre nous cette idée qui grandira… qui s’installera… cette fanure de tout !

RENÉE.

Tu crois ?

DARTÈS.

J’en suis sûr !…

RENÉE.

C’est atroce !…

(Ils restent béants, regardant, droit devant eux, l’avenir.)
DARTÈS, (tout à coup, essayant de plastronner, pour Renée.)

Tiens, heureusement que tu as eu l’inspiration de me faire renoncer à cette direction !… C’est fait !… En voilà une veine ! Maintenant on va réaliser le beau rêve que nous ébauchions tout à l’heure… on va aller en Suisse !… On voyagera sans autre souci que le plaisir de vivre ensemble…

RENÉE.

Non !… Il ne faut pas !

DARTÈS.

Pourquoi ?

RENÉE.

Il ne faut pas voyager… Tu souffrirais trop… Seuls tous les deux, tu te torturerais davantage !… C’était bon il y a une heure !… Maintenant, je suis sûre que l’obsession te ferait mal… Il te faut, au contraire, un dérivatif !… Il te faut l’action !