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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/338

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lue, vous sauriez que je n’attaque l’honneur de personne… ni de Dartès… ni de vous-même, Mademoiselle. À l’homme dont vous portez le nom, mais que je regarde comme un ennemi de ma patrie, je rends pleine justice !

RENÉE.

Je sais ! On m’a appris de quelle manière ! Les quelques lignes que je viens de lire m’ont suffi pour comprendre ce que le livre contenait !… Vous vous employez à rabaisser la figure du grand modèle jusqu’à n’en faire qu’une sorte de benêt, qui a trahi successivement toutes ses convictions et ses amitiés… une espèce de raté sublime que sa noble femme elle-même abandonne et qui n’a pour soutien à l’heure de la vieillesse qu’une Antigone bâtarde… oui, oui, le mot y est, je l’ai lu… une fille qui n’est même pas de lui, symbole vivant et dérisoire de toutes les faillites qu’il a accumulées autour de lui ! Et alors, en avant la boue, les lettres, tout le branlebas des trahisons… les tiroirs faussés, la poubelle fouillée !… Et ça vous est bien égal qu’il y ait une femme affolée qui sanglote et qui se traîne ici… comme une condamnée ! Ça vous est égal !… Il faut écraser l’infâme !… Tout est pour le mieux. Il ne manquait qu’un peu de sang dans cette affaire, il y sera !… (Elle sort le revolver et le pose sur le livre.) Ceci ou ça : c’est à vous de décider… Il va en être exactement selon votre volonté !…

(Un silence terrible et haletant.)
GIBERT, (indiquant du doigt les affiches illustrées, patriotiques qui ornent les murs du bureau.)

Regardez ceci, Mademoiselle. Avant tout et au-dessus de toute chose, il y a une personne à qui j’obéis quand elle ordonne, et qui a toute ma pas-