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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/49

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— Révoltés et soumis au destin, tour à tour,
Mais beaux d’avoir battu la charge universelle,
Trophées sans gloire, en gerbe éparse, pêle-mêle —
Tous ces cœurs exhaussés sur ton décembre, Amour !… »



La tâche qui s’offre aux écrivains d’aujourd’hui est belle et féconde. Elle consiste à se presser fraternellement autour de l’Idée, autour du Flambeau, plus menacé que jamais. Qu’ils considèrent sincèrement le péril qui l’assiège, — péril que nous voulons croire aussi momentané que celui de la patrie. Mais ce ne sera jamais un poncif de répéter que l’Idée également est une patrie à laquelle nous devons un dévouement filial ! Le monde intellectuel dans une nation démocratique devrait constituer une élite conductrice. Je n’ai point prétendu ici faire la critique ni définir les rapports de la littérature et de la guerre. Il y a eu de grands esprits, il y en a eu de modestes qui tous, et d’une volonté égale, se sont ennoblis à écrire les choses essentielles ; mais j’ai déploré certaines réserves, certains excès dans la prudence, une sorte de maussaderie générale qui n’a pas su faire opposition aux quelques tentatives de domination criardes et agressives dont nous avons le spectacle. Courage et résistance sur tous les terrains de la patrie intellectuelle ! Exaltons en nous le goût de l’éternel. Je suis persuadé que désormais la pensée un peu mortifiée prendra mieux conscience de sa puissance, de son rôle dans l’organisation sociale dont elle est un instrument de précision et de régulation. Elle ne voudra pas que l’histoire puisse dire qu’elle n’a pas su tenir son poste durant une perturbation aussi formidable et