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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/51

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la république sociale universelle, qui, un jour, renouvellera le monde !

Si, par malheur, nous faisons défection, que ce soit à toi, jeunesse de France, dont l’effort n’aura pas affaibli le courage, que ce soit à toi qu’incombe la tâche de remettre tout en ordre dans les grands foyers sociaux. Tu feras nette et pure la place où tu projettes d’asseoir ton repos. C’est toi seule qui détermineras les grandes directions immédiates de la conscience au lendemain même du jour où cessera brusquement cette régence de la haine à laquelle toutes les vieilles fédérations de l’esprit humain se sont soumises avec une docilité momentanée, comme l’ont fait nations et royaumes. Et l’enfance aussi, celle qui joue en ce moment au cerceau et à la toupie, alors que les aînés se battent, cette enfance verra et accomplira de grandes choses ! À l’heure tragique et enténébrée que nous vivons, on ne peut se défendre d’une grande émotion lorsque l’on regarde les enfants bâtir leurs pâtés dans le sable… Quel héritage nous laisserons à leurs petites mains ! Peut-être verront-ils enfin de grandes innovations continentales ? Peut-être de beaux repentirs jailliront-ils de cet avortement monstrueux de la guerre ? Croyons ! La plus immorale des expériences entraînera le plus fécond des châtiments lorsque, après le cauchemar forcené qu’elle est en train de vivre, après cette hypnose farouche de l’idée fixe — car tout sommeil n’est pas forcément léthargique — l’humanité entière tendra les bras vers la lumière, comme un dormeur qui se réveille…

Janvier 1917.

P.S. — Depuis que ces pages ont été écrites