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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/80

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dont je n’ai nul besoin, si vous voulez acheter quelques paquets de Maryland et de tabac anglais pour…

CÉCILE, (riant.)

Merci bien, ils fument déjà tous en cachette ; il y a le sacré Marocain qui met, chaque fois que je passe, son mégot dans la table pour que je ne sente pas !

PIERRE, (allumant une cigarette.)

Mais moi qui ne suis pas blessé, j’ai le droit, n’est-ce pas ? ça ne vous gêne pas ?

GINETTE.

Si c’est du caporal, ça va… Je n’aime que ça.

CÉCILE.

Vous vous êtes occupée du dîner ? Je ne sais pas ce qu’il va y avoir.

GINETTE.

Oui, j’ai commandé… Tiens, mais au fait, j’y songe… Simone, venez avec moi, nous allons essayer le porridge cacao.

PIERRE.

Qu’est ce que cette douceur ?

GINETTE.

Un don magnifique d’un industriel. On m’a fait cadeau de 250 boîtes d’un vague porridge-cacao pour le front. Ça se prépare en une minute et il paraît que c’est naturellement délicieux. Nous allons faire la popote. Vous en goûterez, aussi, cousin ?

PIERRE.

Merci, je me récuse cette fois. Je connais déjà le lait concentré.

GINETTE.

Oui. C’est vrai, la vie des tranchées et vous !