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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/91

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BARRIER.

Je compte bien sur leur clientèle !

GINETTE.

Qu’ils reviennent pour épousseter ceux qui auront fait en leur absence l’intérim de la jeunesse ! C’est que nous en voyons, vous savez, nous autres, les femmes, des vieux beaux qui cambrent les jarrets et qui sont décidés à ne pas rendre la place après la guerre ! Puis, vous savez, ils connaissent le moyen de refaire la France !

PIERRE, (levant les bras.)

Dieu l’a faite ainsi. Nous n’y pouvons rien !

DUARD.

Ce n’est pas un mal. Il en faut… il en faut…

PIERRE.

Et vous êtes injuste aussi… Pourquoi accabler ceux qui ne peuvent prétendre à un plus haut sacrifice de leur vie ?… Ils s’efforcent d’être des remplaçants équitables, utiles.

GINETTE.

Peuh ! là ! là ! En voilà des mots, qui ont la goutte !

PIERRE.

On ne peut pourtant pas tuer les vieux pour vous faire plaisir. Quel abattoir !

GINETTE.

Que voulez-vous, quand je vois tous les jours ces admirables enfants souffrir sans se plaindre (car ils ne se plaignent même pas), et repartir de même, faire le sacrifice de tout ce qu’il leur restait à vivre, avec cette simplicité tranquille, ah ! bon Dieu, j’imagine que si j’étais homme, tant