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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/104

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LA PETITE FILLE.

Monsieur, on ne parle pas devant le confessionnal !

(Elle se lève et va s’agenouiller plus loin.)
DON JUAN.

Enfant, charmante enfant, je ne sais ni qui tu es, ni d’où tu viens, ni où tu vas, mais je sais que je ne commets aucun crime en te révélant ta beauté. As-tu jamais entendu parler du célèbre Don Juan de Manara… célèbre jusque dans le dernier village des sierras ?

LA PETITE FILLE.

Non, nous ne connaissons pas ce Monsieur-là chez nous.

DON JUAN.

Ah !… C’est étonnant !… Hier, je n’en aurais pas été surpris, mais aujourd’hui !… Quoi, ni ta mère, ni tes sœurs n’ont prononcé devant toi ce nom en rougissant ou en pâlissant légèrement ? Tu n’as jamais entendu une femme dire, la main sur le cœur : Don Juan ! Don Juan !

LA PETITE FILLE.

Je ne comprends rien à ce que vous prêchez là !… C’est-il que vous récitez la messe en turc ?

DON JUAN.

Chère petite… ne recule pas… laisse-moi, au contraire, te parler plus bas… Laisse-moi te soupirer que tu es belle… que tes joues sont tentantes comme un fruit juteux… Ces yeux, cette taille, les pointes de cette tétonnière naissante…

(Il lui touche la gorge, il lui presse la taille.)