Aller au contenu

Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bras dessus, bras dessous, donner à manger aux canards… d’appeler, inquiet, tout à coup : « Où es-tu, mon petit coco, je ne te vois plus ? »

MARTHE.

Tais-toi… tais-toi !…

BARNAC.

L’amour ?… Ce n’est pas seulement les grands sentiments, le tumulte du cœur… non… Oh ! c’est aussi plus simple que ça !… C’est d’être ensemble dans une voiture, par exemple, et de dire à l’autre : « Lève la glace, tu vas avoir froid, mon chéri !… » C’est ça, c’est ça, l’amour qui ne renaîtra pas… qui ne peut pas renaître !…

(Il sanglote.)
MARTHE, (à ses pieds.)

Pardon… pardon !… Oh ! ta pauvre voix… Je t’adore… Je te ferai oublier ce vilain cauchemar. Mon amour chéri… nous ne nous quitterons pas une seconde désormais.

BARNAC.

Non, impossible !

MARTHE, (l’enlaçant.)

Pas une seconde… entends-tu !… Je t’entourerai de tant de tendresse que tu me ressouriras, que tu me remettras un jour ma tête sur ta poitrine en disant encore : « Ma petite », comme autrefois !…

BARNAC.

Non, c’est fini !… c’est fini !

MARTHE, (accrochée à lui.)

Songe donc ! Qu’est-ce que nous deviendrions