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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/366

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MARTHE.

Le voilà, le vrai baiser de tendresse !

BARNAC.

Tu l’as bien donné !

MARTHE, (métamorphosée, les yeux pétillants de joie.)

Oh ! la joie de te retrouver !… C’est donc vrai ! Je vais revoir tes bons yeux, ton cher sourire. Et tout ça si subit, si imprévu ! Que je suis heureuse !

(Elle bat presque des mains.)
BARNAC.

Oui, nous nous retrouvons sur un autre palier… Mais tu as bien compris ? Pas d’erreur ! Le pacte est conclu. Tu auras ta vie, une vie bien à toi, la vie qu’il faut que tu aies. De temps en temps seulement tu viendras bavarder avec ton vieux bonhomme d’autrefois… Nos relations se borneront à ces chastes visites.

MARTHE.

J’ai compris tout ce que tu désires de grand et de pur, va !… Notre amour sera ce que tu veux qu’il soit, Paul… transformé ! Il en prendra l’habitude, comme on prend celle de vieillir, quelque peine qu’on en éprouve… Nous avons failli le perdre, nous le retrouvons, c’est l’essentiel, mon dieu ! L’essentiel, oui, c’est de le sentir vivre comme un être cher qui a été en danger de mort, et dont on tâte le pouls avec avidité… (Elle lui a saisi les mains et les couvre avec les siennes.) Ce qu’on demande, c’est de le sentir battre sous le doigt longtemps… longtemps… toujours…

BARNAC.

Jusqu’à la fin…