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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/165

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lier comme tout le monde. Nous nous contenterons de mon salaire !

JESSIE.

Je t’arrête tout de suite !… Non !… Recommencer l’existence de l’année dernière, quitter les expédients pour la misère hideuse et glacée… jamais ! J’en ai assez, c’est au-dessus de mes forces.

MAX.

Il le faudra bien, pourtant !… Tu ne penses pas à retourner chez ta mère, à Malmaison ?

JESSIE.

Je pense à me sauver… quand il en est temps encore… à rompre la chaîne… Nous ne pouvons plus tirer le collier de cette façon-là !… Comment ne vois-tu pas que l’heure est venue de nous séparer ? Ou j’y laisserai ma jeunesse et ma peau, dans cet engrenage-là ! Une vie ratée… oui… mais pas perdue !…

MAX.

Tu n’as pas le droit de me quitter.

JESSIE.

Et pourquoi ?… T’ai-je juré un amour éternel ?… Sommes-nous mari et femme ?

MAX.

Des amants que rien ne peut séparer.

JESSIE.

Si : la volonté !… Je ne t’ai fait aucun serment de vivre avec toi d’autre temps que celui du premier amour !… Tu as réclamé ma virginité, la première étreinte… je te l’ai donnée !… J’ai promis d’apaiser ton amour… Je l’ai fait. J’aurais dû partir aussitôt après que tu m’as eu prise. Nous