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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/203

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faites-le entrer ! (Georgette sort.) Je lui dois une entrevue. Mieux vaut maintenant que plus tard.

(Bianca embrasse sa fille sur le front.)
BIANCA.

Refrène cette affreuse agitation qui te dévore… je t’en supplie… Oui, je te laisse… Il le faut, n’est-ce pas ?… Tu es chez toi ici… bébé… Mais bride ta sensibilité et tes nerfs… si tu le peux… Ah ! mon petit, trop d’émotions pour ce corps fragile !

(Elle sort discrètement par le jardin.)


Scène V


JESSIE, SERGE

JESSIE, (sans se retourner au bruit des pas.)

Oh ! ici !… Quelle profanation !

SERGE.

Qu’auriez-vous dit, pourtant, si je n’étais pas venu ? Songez que, depuis le jour affreux, à Valence, où après avoir reçu ce télégramme brutal, vous vous êtes élancée éperdue dans le train, en exigeant que je ne vous suive ni vous porte secours, je suis resté sans une nouvelle de vous… Vous n’avez pas daigné m’adresser un mot, une dépêche !… Oh ! je sais !… Je comprends, allez !… Vous n’avez pas besoin de me témoigner l’horreur que je vous inspire… Je la conçois, mais vous concevrez aussi que je vous apporte ici l’expression de ma tristesse…

JESSIE.

C’est moi qui suis la criminelle… ce n’est pas