Aller au contenu

Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il fait, je vous le répète, appel à tous vos bons sentiments, à votre sagesse aussi, à votre calme… Il garde de vous le meilleur souvenir… Mais quoi ! c’était fatal. Vous êtes trop intelligente pour ne pas le comprendre. Mieux vaut maintenant que plus tard. En tout cas, il tient à ce que vous sachiez la peine qu’il éprouve.

JEANNE, (péniblement.)

Il… y a… une différence !

MANEUVRIER.

C’est incontestable.

JEANNE.

Il y a une grande différence ! celle-ci, c’est que moi… je l’aime ! Ah ! je l’aimais tellement… tellement… (Alors elle éclate en sanglots, c’est un cri déchirant. Elle roule la tête sur la table.) Laissez-moi, Monsieur, laissez-moi… oh ! que je souffre… oh ! que ça me fait mal… Jamais je n’aurais cru… Évidemment, je me disais bien qu’un jour… Mais… je voyais ça loin… loin… dans l’avenir… Non, jamais je n’aurais pu imaginer !… Là… pourtant, quand il m’a souri dans l’escalier… oh ! j’aurais dû m’en douter… Il avait un air si bizarre… Oh ! qu’est-ce que je vais devenir ! Je ne vais jamais pouvoir supporter ça !

MANEUVRIER.

Mais si… vous verrez. Comme tout le monde, vous vous résignerez malgré la souffrance. En somme, vous êtes si jeune, et puis ce n’était pas une liaison !

JEANNE.

Pour lui, pas même un caprice ! pas même un