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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/328

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PHILIPPE, (montrant Bleuette.)

Et fiancé, un beau matin, avec cette jolie petite personne dont j’ignorais, il y a deux mois, l’existence… que, d’ailleurs, j’ai peut-être rencontrée vingt fois quand elle était petite fille, sans me douter qu’un jour viendrait où nous déciderions de passer cinquante ans ensemble !

BLEUETTE.

Pourquoi cinquante ?… Plus de restrictions ! allez-y !

LEVASSEUR.

En somme, Bleuette, vous n’avez presque pas connu Philippe en militaire ?

BLEUETTE.

Je l’ai vu deux fois en uniforme… à sa dernière permission, il y a six mois… Je l’avais rencontré chez les Dorfeuil… mais il ne m’avait fait aucune impression, je l’avoue.

PHILIPPE.

Merci, vous êtes gentille !

MADAME LEVASSEUR.

Pourtant, on vous avait bien dit quelle conduite héroïque il avait eue au repli des Ardennes ?

BLEUETTE.

Peut-être, mais, à ce moment, tous les permissionnaires à mes yeux étaient héroïques… Ils avaient tous la Croix de guerre.

PHILIPPE.

Nous étions tous cités… c’était d’une écœurante banalité !