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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/46

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voyez à l’expression de mon visage si j’ai envie de me moquer. Je l’aime beaucoup… beaucoup !…

(Il le dit sur un ton pénétré.)
BIANCA, (les larmes aux yeux.)

Merci. Ah ! la vie n’est pas ce qu’on voudrait qu’elle fût !

LE DUC.

Je l’aime beaucoup. Je devrais peut-être vous en assurer, avec plus de protestations…

BIANCA.

Non, il n’y a pas mieux que ce que vous venez de dire… Beaucoup, c’est énorme !

LE DUC.

En retour, je ne demande pas de l’amour. Je me rends bien compte que l’amour, dans mon cas, c’est la part du feu… mais je me satisfais de la chance qui m’échoit, et soyez sûre que j’apprécie, chez la belle enfant, cette manière de venir à moi, cette simple soumission à l’homme, qui n’est pas sans candeur ni sans beauté… Et, en y réfléchissant, c’est admirable, chère Madame Cordier ! Nous venons d’avoir exactement la conversation préalable qu’ont toujours une belle-mère et un gendre. Au fond, il n’y a que trois ou quatre situations invariables dans la vie et la nature est éternelle !

(À cet instant entre Jessie, un polissoir à la main.)