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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/315

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IRÈNE, (dans un cri.)

Que veux-tu dire ?

RICHARD, (en même temps qu’elle.)

Père, je ne comprends pas…

RYSBERGUE, (l’interrompant.)

Oui, tu me l’as crié par ton silence, par tes yeux, par tout ton brave petit cœur qu’on a offensé et que je voyais trépigner de colère, tandis que j’inventais cette imbécile histoire pour épier la flamme dans tes yeux !… Depuis huit jours, cette folle hypothèse m’était apparue, mais ma raison se refusait à l’admettre. Je me disais : « Une preuve de la trahison, une preuve logique, il n’y en a pas. » Quand je suis entré, là, tout à l’heure, vous me l’avez donnée, subite, effrayante ! Oh ! votre attitude !… Oh ! tes yeux rouges et glacés de tout à l’heure, ce qu’ils révélaient !… Ainsi ton fils était ton confident ! tu as sali ton fils de cet aveu, tu le faisais vivre avec ce secret ! Quelle horreur ! (Tout à coup.) Et l’autre, l’autre… ah ! celui-là, par exemple !…

(Il se précipite vers la porte du jardin. Irène le barre.)
RICHARD, (retenant son père.)

Père, père, voyons, du calme… Dans cet état d’agitation, tu ne serais plus maître de toi !…

RYSBERGUE, (essayant de se dégager.)

Laisse-moi… Je sais où il est ! Je vais le rejoindre.