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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/323

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une providence, évidemment. (Au domestique qui passe un plat.) Qu’est-ce que c’est que ça ?

LE DOMESTIQUE.

Ce sont de petites pommes de terre de la propriété.

IRÈNE.

Du jardin ? (À la femme de chambre.) Admirable ! Croyez-vous, Louisa, quelles amours ! Est-ce qu’elles sont aussi petites quand elles sont vivantes ?… Jamais je n’aurais cru que notre jardin produirait comme il produit. Faudra envoyer ça au concours agricole d’El-Biar. (Montrant les guirlandes aux quatre coins de la pièce.) Pourvu qu’il rentre, monsieur… Nous en serions pour nos frais.

LOUISA.

Ah ! oui, les lampes de fleurs ! Madame peut être tranquille ; monsieur rentrera. Il a sûrement demandé la permission de minuit puisqu’on doit voir, ce soir, à onze heures trente cinq, la fameuse éclipse de lune, avec miss Deacon et sa mère. Madame se souvient ?

IRÈNE.

C’est vrai. Je n’y pensais déjà plus ! Dieu, que c’est ennuyeux ! Voilà ma soirée gâtée. Il y a trop d’Américaines à El-Biar. Il y a trop d’Américaines partout d’ailleurs. Je vous demande un peu pourquoi toutes les Américaines ne restent pas en Amérique ! (On entend dehors, du côté du jardin, de lointains bruits de voix rieuses.) Tenez, écoutez-là !