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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/68

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UN JURÉ.

Non. Cinq minutes. Juste le temps de rédiger l’arrêt.

(Le commis tire une petite glace de sa poche. Il y a un très long moment où l’on n'entend que le susurrement des voix dans le silence.)
LE VIEILLARD, dans le fond, remettant son vote.

Nous ne sommes pas des saints…

(Silence.)
LE PRÉSIDENT, après avoir parlé à l'huissier, trie les papiers, etc…

Messieurs, la délibération est close. Voici le résultat. (Tout le monde se rapproche de la table.) Le jury, à la majorité de deux voix, a déclaré l’accusée coupable avec circonstances atténuantes.

LE MARCHAND.

La pauvrette !

NEKLUDOFF.

Mais c’est abominable !… Vous condamnez une innocente.

LE PRÉSIDENT, l'arrêtant.

Pardon, prince. La délibération est close. Je vous invite à respecter l’autorité de la chose jugée.

(Il sonne les huissiers. Tout le monde se lève. Le président d'un air solennel et gauche tient la feuille en main. L’huissier va ouvrir la porte. On voit les gendarmes à nouveau tirer l'épée sur l'estrade. Les jurés, en file, rentrent l'un après l'autre, après avoir jeté leurs cigarettes.)