Aller au contenu

Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tez que je dise ça, monsieur Morillot !… Quand vous êtes arrivée, je me suis dit : « Voilà une petite dame qui a trop travaillé dans son patelin… » Maintenant que vous vous reposez…

GRÂCE, (souriant.)

N’est-ce pas, Eugène, que j’ai meilleure mine ?

EUGÈNE.

Et puis, dame ! la vie de Paris, il n’y a que ça !… Quand on est habitué au bien-être de Paris on ne peut plus se faire ailleurs. Il y a deux ans, je suis allé passer quinze jours à Cannes, dans le Midi… Oh ! la ! la ! ce que je me suis barbé !… Dire qu’il y a des gens qui vont là pour leur plaisir… J’y serais mort !… Tandis que j’ai retrouvé tout de suite ici mon petit confortable… mon petit quant-à-soi !… Vrai, j’ai respiré. Sans compter que vous avez les deux plus jolies chambres communiquantes de l’hôtel, avec cette double vue sur la rue et sur la cour !… Et puis ce va-et-vient… Tenez, l’employé de commerce du vingt-sept, M. Eusèbe Landrin… eh bien, le dimanche, avez-vous remarqué ce qu’il fait ? Ah ! la ! la !… il ne va pas perdre son temps au bois de Boulogne ou à Vincennes… Il s’installe dans l’escalier, là, sur les marches, et il regarde les gens monter et descendre. Il trouve ça plus intéressant, il dit, que d’aller se fouler le ciboulot sur une impériale de tramway…

CLAUDE, (mangeant.)

Ce n’est pourtant pas passionnant, il me semble… Toujours les mêmes locataires.