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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/80

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GRÂCE.

Quel étrange travail !… Aller porter ainsi des secours à toutes les femmes pauvres qui allaitent leurs enfants… Il n’y a pas de tricheries possibles dans le contrôle ?…

MADEMOISELLE AIMÉE.

Aucune… Avec l’habitude !… Et puis, c’est tellement agréable de se rendre utile à ces misères… Il y a des femmes parfois si courageuses, si tristes… si vous saviez !

GRÂCE.

Quelle chose curieuse !… Avec votre beauté, votre charme et un nom bien porté, — puisque votre père s’est honorablement ruiné, dites-vous, — préférer cette morne existence solitaire à…

(Elle s’arrête.)
MADEMOISELLE AIMÉE.

À la faute ?… Non, je ne veux pas… On m’a même demandée en mariage… oui, un député socialiste, qui dirige un peu notre coopérative maternelle, très bon… les mêmes idées que moi sur le socialisme, la vie, les pauvres… Eh bien, tous les mois, il me pose la question : « Voulez-vous ? » Je réponds : « Non. » Je crois que je suis sincère… Que voulez-vous ? Je veux rester vieille fille et sage…

GRÂCE.

Pourquoi ?… Quelle est la raison de ce vœu ?…

MADEMOISELLE AIMÉE.

Je ne sais pas…