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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/360

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CHARLOTTE, (éperdue, descendant lentement l’escalier.)

Qu’est-ce qu’il y a ?… Qu’est-ce qu’il y a ?… Mon Dieu !… Mon Dieu !… Pourquoi tout le monde est-il ici ?…

(Elle regarde, épouvantée.)
FÉRIOUL, (le poing tendu.)

Il y a… il y a… (Il va parler. Tout à coup, devant l’incommensurable effroi qui se lit sur toute la personne de Charlotte, devant la ruine vivante qui s’avance, il a une hésitation. La voix s’étrangle, le bras lancé en l’air se balance, une sorte de grande crise intérieure, soudaine et formidable, se traduit sur sa figure. Au milieu du halètement général, il s’arrête, le bras droit, machinalement, continue en l’air un mouvement de balancier, plus mou, la tête se détourne vers son fils, puis tout à coup, le fixant, il dit d’une voix d’abord hésitante, puis sèche et brève.) Il y a que ce garnement-là doit recevoir une correction publique.

RIQUET.

Moi, papa ?… Qu’est-ce que j’ai fait ?

FÉRIOUL.

Je vous annonce que ce petit bonhomme est renvoyé du collège. Le principal vient de me téléphoner lui-même à l’instant, il n’y a pas une minute.

RIQUET.

Moi ! Moi ! Mais, ce n’est pas possible ! Papa, qu’est-ce que j’ai fait ?… Moi ?…