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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/406

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Maurice… il y a si longtemps… si longtemps que je souffre !… Que je suis punie de mon infamie ! Dieu, que ça aura été long ! Une éternité ! Et, maintenant, me voilà enfin délivrée, je vais pouvoir mourir… Je voudrais de l’eau… de l’eau sur la tête… Ça brûle !… Je voudrais… je ne sais pas… dormir… dormir… ne plus penser !…

(Elle met un coussin sur son visage, comme pour se cacher du monde entier. On l’entend pleurer.)
FÉRIOUL.

Toutes les larmes que tu pourras verser… n’y feront rien !… Toi… la mère de mes enfants ! Toi que j’avais tant choyée, tant aimée !… Tu nous as déshonorés. Tu as anéanti notre avenir… notre vie… Car, te doutes-tu de ce qui se passe ici, dans la ville ?

(Il lui enlève le coussin de son visage. Elle se retourne contre les autres, la tête enfouie.)
CHARLOTTE.

Non. Qu’est-ce que ça me fait ? Je ne t’entends plus… je ne veux plus rien entendre, rien savoir… Qu’on m’emporte là-haut, dans ma chambre… Mon pauvre Maurice ! je te plains, tu souffriras… et je t’ai tant aimé !…

FÉRIOUL.

N’avais-je pas été bon pour toi ?

CHARLOTTE.

Oh ! si, tu es bon… Tu es le meilleur des hommes… il faut me punir.