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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/132

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chose que vous avez reniée, et dont la beauté vous est totalement fermée. Vous n’aviez que faire dans ce combat ; vous étiez le dernier à devoir vous trouver ici. Dites-vous simplement en partant que si vous n’avez pas ébranlé cette porte, c’est qu’il y avait derrière des trésors qui vous étaient interdits…

L’ABBÉ.

Les miens me suffisent et leur beauté est plus manifeste… Les trésors dont vous parlez brillent d’un éclat orgueilleux et solitaire… Les miens s’éclairent au jour et à la lumière d’un amour plus vaste et plus salubre.

ARMAURY.

Plus un mot, Monsieur l’abbé. Chacun a sa conception humaine ou divine de l’amour !… Et ce sont des convictions inébranlables. Retournez à ces gens et allez leur dire que la proie que j’ai prise… je la garde !

L’ABBÉ, (après un silence.)

Je n’ai donc plus qu’à aller rendre compte à la famille de Charance de l’échec de ma démarche… Non, nous n’étions pas faits pour nous rencontrer c’est vrai, mais il y a toujours un carrefour où les routes les plus diverses se rencontrent : c’est le carrefour de la douleur. Je ne m’illusionnais pas sur l’issue de cette démarche ; je me suis restreint à la supplication. Ma place n’est pas ici, vous l’avez dit, et en le disant, vous avez fait appel inconsciemment à une autre voix que la mienne, la voix qu’il fallait que vous entendiez, qu’il faut que vous entendiez… Permettez-moi de m’effacer devant elle…