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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/71

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LE DUC.

Oui, vous avez raison… du calme… Je n’aurai pas besoin d’employer la force, elle retrouvera d’elle-même le respect qu’elle nous doit. (Diane se relève.) Diane, mon enfant, ma chère enfant, je fais appel, non pas à ta soumission, mais à ta raison et à ton devoir, je n’ai pas besoin de faire valoir des droits paternels dont je suis décidé à user jusqu’au bout, c’est de toi-même, de ton propre mouvement que tu vas revenir sur ce premier cri de révolte que je n’attendais pas de toi dans des circonstances aussi lamentables et aussi graves. Et c’est maintenant, et pas plus tard, que tu vas prendre la décision que nous attendons de toi… En tout cas, dis-nous d’une façon catégorique ce que tu décides de ton propre mouvement. Si tu ne veux pas aller au couvent, c’est bien… nous déciderons ce que nous aurons à faire dans ce cas ; si tu acceptes, c’est, pour nous, la porte ouverte à l’espoir. Oh ! ne te presse pas… tu as le temps… réfléchis quelques minutes… Réfléchis, nous attendons ta mère et moi, ta réponse avec confiance !

(Diane garde le silence, puis elle va devant la glace y relève ses cheveux, se recoiffe lentement du geste habituel et féminin, en tenant entre ses lèvres ses épingles d’écaille et en nouant doucement le chignon et les tresses ; cela fait, elle arrange de la main son corsage déplacé. Elle ramasse une écharpe d’intérieur qui avait glissé à terre, dans le mouvement de tombée de tout à l’heure. Elle met l’écharpe sur son bras, puis elle se dirige vers la porte. Elle s’arrête, se retourne vers ses parents.)
DIANE.

J’irai !

(Elle sort.)

RIDEAU