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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/179

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RANTZ.

Quoi, Raymond ?… cette gratification ?

RAYMOND.

Non, pas la gratification, je ne vais pas jusque-là !… Mais je n’aurais pas pensé, véritablement, qu’un jour on en arriverait là, et encore maintenant, je me permets d’espérer que Monsieur reviendra, que Monsieur…

RANTZ.

Non, Raymond, c’est irrémédiable. Vous avez trop assisté au spectacle de notre intimité, depuis quelques mois, pour n’être pas fixé…

RAYMOND.

Monsieur ne se figure pas le chagrin qu’a Madame. Si Monsieur l’avait vue encore ce matin !… Nous étions tous auprès d’elle ; on l’entendait crier jusque…

RANTZ, (l’interrompant.)

Je vous en prie, Raymond, assez !… Je me rends compte de tout, et c’est pour moi une peine immense. Il me faut une énergie extrême pour supporter, moi aussi, les circonstances actuelles… Cette séparation est particulièrement douloureuse, mais Madame rendait toute vie impossible depuis plusieurs années !… C’est aussi bien pour elle que pour moi que j’ai dû en arriver à cette extrémité. Toutes les séparations sont pénibles, et ceux qui y assistent, comme vous, ceux qui en sont les témoins journaliers, peuvent seuls se rendre compte de ce que les étrangers ne soupçonnent même pas !… Il était temps, il était nécessaire, pour le bonheur de Madame elle-même, que nous en arrivions là. Enfin… nous voilà au bout du chemin… Adieu Raymond.