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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/201

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N’importe ! Si ce que vous dites est vrai, si ma pauvre enfant est encore sauve, le reste ne sera rien, rien, plus rien !

MAURICE.

Attendez ! Attendez…

(Rantz, debout, la voix blanche d’émotion, regarde droit devant lui. On voit qu’il essaie de comprendre ce qui s’est passé… de reconstituer.)
RANTZ.

J’ignore dans quelle aventure s’est galvaudée ma pauvre petite Nellie, j’ignore (Avec force.) mais je réponds bien d’une chose sans le savoir, c’est qu’à l’heure actuelle, même si elle a été folle ou imprudente, elle ignore quel instrument de vengeance elle est dans vos mains. De ça je suis sûr ! (Il redresse la tête avec un orgueil paternel.) Et lorsqu’elle va le savoir… car elle sera ici dans une heure, maintenant j’en réponds… ah ! quel dégoût de vous elle éprouvera, Monsieur, quel dégoût ! (Maintenant il éclate, rassuré.) Non, c’était trop bête, vraiment ! Qu’espériez-vous ?… C’est ingénu ! Vous aviez peut-être la possibilité de vous venger hideusement… ignoblement… mais si vous avez différé cette lâcheté, dans l’espoir de me faire chanter en prenant ma fille pour otage, ah ! mon bonhomme ! il faut être fou, vraiment ! Qu’espériez-vous ?… Un tour de clef à votre porte, maintenant, et tout est dit !… Allons ! Allons !… Négociez vos petits papiers à votre aise. Vous êtes libre… Mais, pour le reste, vous avez parlé trop tôt, mon garçon ! Coup paré !… Vous ne savez pas encore votre métier !…

MAURICE, (essoufflé encore, tapi dans un coin, l’a laissé parler, en ponctuant de sarcasmes. Il se relève.)

Ah ! c’est là que je vous attendais ! Vous vous