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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/28

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MAURICE.

J’aime mieux risquer le paquet. Je voudrais faire le gros coup, tu comprends.

RAYMOND.

Pourquoi ? Tu as besoin d’argent ?

MAURICE.

Bien sûr que je ne cale pas le pied des chaises avec des billets de mille ! Et d’abord ça m’embête de vivre toujours aux crochets de maman. Je voudrais vraiment commencer à gagner ma vie.

RAYMOND.

C’est bien pensé.

MAURICE.

Et puis, je voudrais me meubler gentiment. Mon petit cinquième n’est pas large ; mais enfin j’ai envie d’un meuble de salle à manger que j’ai vu quelque part. Et si je peux un jour m’installer avec la gosse…

RAYMOND.

La folie des grandeurs, quoi ! (En disant cela, il ouvre sur la table une boîte de cigares, prend quelques cigares et les offre à Maurice.) Ils sont bons.

MAURICE, (rougissant.)

Tu es fou ! J’ai passé l’âge où l’on chipe des cigares à sa mère.

(Raymond lui en met plusieurs dans la poche du veston.)
RAYMOND.

Prends toujours, va. Elle croira que c’est moi.

(Un temps.)
MAURICE, (gêné, baissant un peu la voix.)

Dis ?… Quelle est cette nouvelle figure que j’ai vue en passant à la cuisine ?