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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/315

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MARTIN PUECH.

À quel prix que ce soit, je les retrouverai, je vous le garantis !

HONORINE.

Ce sera votre punition d’avoir marchandé.

MADAME DE CHEVRIGNY.

Alors, venez vite, Monsieur, l’heure s’avance. Je suis enchantée de faire ce petit détour, si je puis vous être agréable à tous deux.

HONORINE, (bas à Madame de Chevrigny.)

En route, je vous autorise à le décourager.

MADAME DE CHEVRIGNY.

Je lui parlerai de la pluie et du beau temps, mais lui ne cessera de me parler de vous.

HONORINE, (les reconduisant.)

Mais dites-moi, vous deux, hein ?… Ne me trompez pas !… Ah ! c’est qu’il a un culte pour vous, ce garçon-là… Regardez son petit air guilleret ! Enfin, Roméo, tenez-vous tranquille, je vous prie ! — (Elle couvre leur sortie de sa voix. Quand ils sont dehors, elle rappelle Madame de Chevrigny. À l’oreille, sur un ton de confidence.) Ne me le ramenez pas surtout ! (Elles rient toutes deux. Madame de Chevrigny sort. Honorine appelle dans le couloir.) Émilie !

(Puis elle ferme la porte. Entre Émilie.)
HONORINE.

Veux-tu aller dire à Henriette que je l’attends immédiatement.

(Émilie sort. Honorine allume nerveusement une cigarette. — Un grand temps. — Toute jovialité a disparu. La figure inexpressive et attentive à soi-même des gens qui ont l’habitude de vivre seuls. Mais, dès que sa fille entre, l’expression se retransforme, brusque, goguenarde, amusée.)