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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/86

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peux pas savoir la joie que ça va me faire ! Si j’accepte ?… Je crois bien ! Que tu es gentille ! Tiens, je suis presque ravi de t’avoir trouvée ce soir, en larmes, et que tu m’aies attrapé, parce que des mots sont venus qui ne seraient jamais sortis autrement !… Dans mon propre lit ! Ah ! quelle bonne idée !… Tiens, c’est peu, c’est bête, mais tu ne te doutes pas de la joie que tu vas me faire !… Dix ans que je n’ai pas couché ici !…

LIANE, (le regardant s’exalter avec un sourire ravi et encore étonné.)

Mon Dieu ! ce n’est pourtant pas grand’chose ! La femme de chambre n’est pas montée sans doute. On va te faire ton lit…

MAURICE.

Ah ! non, je te jure bien que je n’en céderai la joie à personne ! Je veux le faire moi-même… Ça, c’est comme à la chambrée !… Je te jure que je saurai retourner le matelas. Je n’ai besoin que d’une paire de draps et d’un traversin. (Il ouvre la porte et appelle de toutes ses forces :) Raymond ! Êtes-vous là ?… (Il se retourne vers sa mère.) Tu vas voir un peu !

(Il sort en appelant : Raymond ! Elle rit, se lève et murmure, soulagée.)
LIANE.

Ah ! C’est bon… c’est bon !… (Elle va au bureau où elle écrivait la lettre.) Bah ! demain !… J’ai bien le temps !… (Elle hésite encore, jette la plume, et prend la lettre à la main comme pour la plier. La porte de la galerie s’ouvre, Rantz entre. Elle sursaute :) Toi !…