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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/354

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ÉVELINE.

Taisez-vous tous les deux !… Je crois tout… J’ai parfaitement compris : celle qui s’en va cède la place à celle qui reste !

FRÉDÉRIQUE.

Quelle folie !… Alors, vous admettez une pareille accusation ! Vous supposez que je serais là à vos côtés, ou face à vous, si j’avais cette boue sur la conscience !

ÉVELINE, (d’un geste navré.)

D’ailleurs, qu’importe !… Qu’il ait été votre amant autrefois, qu’il ait été celui de cette femme maintenant… qu’importe l’histoire de ce roman, qui n’est pas le mien !… Il tient bien plus de malheur que ça dans la petite phrase que j’ai là entre mes mains !… « Je n’ai jamais aimé ma femme… » Jamais !…

(Elle n’ose achever et ferme les yeux, parce qu’elle a mal jusqu’au fond de l’âme.)
FRÉDÉRIQUE.

Songez dans quelles circonstances il a pu être amené à écrire ces folies.

JULIEN.

Oui, tu ne sens donc pas tout de suite que ce sont des phrases lâches, misérables, qu’on écrit sans les penser, dans des occasions où la honte d’avoir à les écrire vous étreint…

ÉVELINE, (sans même prêter l’oreille à d’aussi pâles arguments.)

La confiance que j’avais en vous deux !… Il