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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/74

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BOUGUET, (éclatant tout à coup.)

Ah ! puis, assez… tu m’ennuies, à la fin !… J’ai voulu ton bien, ton bonheur. Va, ma fille, va crever la misère ! J’étais trop bête de m’intéresser à ton avenir !… Va vivre avec tes cachets à trois francs !… Va vivre, loin d’ici !… au diable !… Arrange-toi !

EDWIGE.

Maître, maître ! j’ai eu tort !

BOUGUET.

Tu as mille fois raison !

EDWIGE, (éperdue devant la fureur de Bouguet.)

Ayez pitié de moi… Tout, j’accepte tout… J’ai dit cela dans un mouvement de colère.

BOUGUET.

C’était le bon !

EDWIGE.

Je vous ai insulté, vous si parfait ! Mon Dieu !

BOUGUET.

Tu partiras, cette fois… Tu partiras, je te le jure bien !…

EDWIGE.

Maître, maître, ne m’abandonnez pas… ne m’en veuillez pas… de vous avoir offensé dans ma folie… Vous comprenez, c’est mon amour qui divaguait. Mais je suis prête à tout… j’étais résignée d’avance… Ordonnez… je ne veux pas disparaître… Dites… dites ?…

BOUGUET.

Ne criaille pas…

(Il va à la porte, l’entr’ouvre, comme pour voir si personne n’écoutait, puis la referme. Un très long silence oppressé.)