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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/80

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dite : nul, lundi prochain, ne sera plus content que moi de votre bonheur à tous deux…

BOUGUET.

À tous trois, Blondel, à tous trois.

BLONDEL.

Oh ! moi… ne crois pas que ce soit par modestie que je tienne à mon rang de collaborateur… Je désire rester derrière le couple… Ce que j’éprouve, moi, c’est le plaisir intrinsèque de la recherche pour elle-même, comprends-tu ? Je n’ai pas dans ma vie un coefficient réel de bonheur.

BOUGUET, (saisissant l’occasion.)

Que veux-tu dire par là ? Tu veux insinuer que plus jeune que moi, tu n’en es pas encore à cette période du coup d’œil terminal sur la vie réalisée…

BLONDEL.

Oh ! non, ce n’est pas ce que je veux dire, car je ne suis guère plus jeune que toi, Bouguet…

BOUGUET.

Oui, mais un célibataire a toujours l’avenir devant soi… la route ! En principe, mon ami, c’est moi qui dois disparaître le premier et toi qui devras continuer la tâche, la nôtre, toi qui seras directeur de l’Institut Claude-Bernard…

BLONDEL.

Allons, allons, fichue conversation ! Ne nous attendrissons pas sur nous-mêmes ! Nous allons dire des bêtises larmoyantes, ce n’est pas notre genre.

BOUGUET.

Mais, au fait, puisque tu viens de prononcer instinctivement le mot de bonheur et que tu nous désignes, Jeanne et moi, avec une petite nuance de regret, justement, ne crois-tu pas que tu ferais