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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/92

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éclate presque de rire.) Ah ! mon vieux, je ne te cacherai pas que je tombe des nues, mais que je suis ravi comme un gosse !…

BOUGUET.

Qu’est-ce que cela ? Et quel rapport ?…

BLONDEL.

J’étais tellement persuadé que vous me montiez un bateau… alors j’ai voulu en avoir le cœur net. J’ai griffonné, tu l’as vu, un mot à ta femme : « Oui ou non, avez-vous assuré à Laurent qu’Edwige ait pensé, d’elle-même, à devenir un jour ma femme ? » Et voici la réponse au dos : « Laurent vous a dit la vérité. Edwige, qui est en ce moment auprès de moi, vient de me la confirmer elle-même… » Je suis stupéfait… Si vite… comme cela !… Si vite, d’ailleurs, c’est une façon de dire, parce qu’au fond je suis un timide… j’ai toujours été un timide avec les femmes, mais, sans quoi, il y a déjà quelque temps que je m’étais aperçu… mais oui, parfaitement… je le voyais bien à sa réserve, à des gênes charmantes, de petites réticences… Seulement, je ne voulais pas comprendre, j’avais peur… Je suis rudement content tout de même !

BOUGUET, (effrayé.)

Réfléchis… réfléchis à ce mariage malgré tout ! Tu vas trop vite, maintenant… Il ne faut pas s’abandonner à la légère… comme tu le fais… Quelquefois, ce que l’on prend pour le bonheur n’est qu’une maladresse réalisée. Sais-tu si vous devez vous accorder ?… Sais-tu si vos caractères… Il s’efforce de rire.

BLONDEL.

Ah ! non, mon cher, non, tu ne vas pas m’empêcher d’être heureux, maintenant ! Je connais