Aller au contenu

Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
20
le mort s’est trompé d’étage

Le gaillard qui a fait le coup a eu la chance inouïe de n’être pas surpris. Son imprudence ne nous l’a donc pas livré. Mais, de son génie ou du mien, chef, nous verrons qui l’emportera ! Soyez tranquille ! je parie pour vous.


CHAPITRE III

Lamblin partageait avec plusieurs grands hommes — et il n’en était pas peu fier — la faculté de mettre de côté toutes préoccupations au moment du sommeil et de s’éveiller, au matin, lucide et dispos. Il était toutefois repris par le métier dès qu’il faisait sa toilette et méditait pendant ses ablutions. Ce jour-là, il monologuait tout en se rasant.

— C’est curieux, Josseaume ne m’a pas dit un mot du mobile du crime, qui est évidemment le vol. Mais quel vol ?

Il resta immobile soudain, le Gillette en l’air.

— Hé ! nous n’en savons rien ! Du fait que ses vêtements étaient ouverts, j’ai conclu que le mort avait été délesté de son portefeuille. Mais ce pou- vait être tout autre chose qu’un portefeuille. Une liasse de billets, des documents, un écrin… Le chef a raison, inutile de chercher à rien deviner avant de connaître l’identité du macchabée.

Il arriva de bonne heure rue Godot-de-Mauroy et dut attendre que le tailleur fût présentable. C’était un homme mince et brun, au teint olivâtre, aux yeux sombres derrière de grosses lunettes.