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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/97

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le mort s’est trompé d’étage

LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE 95 L’inspecteur Lamblin contourna la maison sans avoir été aperçu et s’approcha d’un perron de quelques, marches sur lequel béait une porte. Ici, un tout autre arome vint chatouiller ses narines. O dieux ! quelle senteur sauve ! de la confiture d’abricots ! Soudain il se rappela la mort du comte d’Armancé, et le doux et traître parfum lui parut moins exquis. Il avait bien réfléchi à la façon d’aborder José- phine sans l’effaroucher. Elle était avant tout dévouée à Évelyne ; elle devait donc haïr Victor et tous ceux qui auraient pu causer de la peine à sa jeune maîtresse. Le comte d’Armancé était du nombre, Lamblin l’aurait juré. Cette « odieuse ma- chination » à laquelle M. Vidalier avait fait allusion et dont Victor avait la preuve n’avait pu se tra- mer que chez les Armancé. D’emblée il fallait en écarter la comtesse, naïve et simple, et l’on pouvait même prédire à coup sûr qu’elle n’en avait rien soupçonné.. Il devait s’agir d’une aventure amou- reuse, il ne pouvait s’agir que de cela. Il suffisait de voir le portrait du comte, que l’inspecteur avait examiné furtivement boulevard Saint-Michel, pour deviner le caractère jouisseur et léger du défunt. C’était une bonne peinture, signée d’un nom connu, sous lequel la piété de la veuve avait placé des fleurs. Avec sa tête rejetée en arrière, son bel ceil noir luisant et vide, son nez aquilin qui humait le vent, son sourire insouciant et railleur, Raoul d’Armancé présentait un type parfait de roué cynique et charmeur. Excusez-moi, madame, dit cérémonieuse- ment Lamblin à la cuisinière avenante et grasse qui s’était retournée en voyant une ombre obscurcir