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Page:Baudoin - Jolis péchés des nymphes du Palais-Royal, 1882.djvu/90

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JOLIS PÉCHÉS

boutique me donnait des pains de sucre et des bouteilles de liqueurs, qui ne lui coûtaient pas cher, il est vrai, pour obtenir l’honneur de ma couche. De cette manière, l’eau venait au moulin par vingt sources. Cependant, à force de tours de passe-passe, on me chassa ; je vins à prendre service chez une marchande de modes : rien ne pouvait être plus de mon fait : les messages galants ne finissaient pas ; c’était un rendez-vous au Delta, puis à Tivoli, puis aux Montagnes Belleville. Le plaisant de l’histoire, c’est que souvent le donneur de rendez-vous oubliait dans mes bras sa belle, et que je prenais sa place dans la partie projetée. Je suis bien d’une figure assez friponne pour remplacer une marchande de modes !

Tout le monde convint ici avec Hortense qu’elle avait bien l’air assez rouée pour ça.

Lasse de toutes ces intrigues sans grand profit, je résolus de me lancer dans le grand et à cet effet, je louai une belle robe, un chapeau élégant, un cachemire, et surtout un bel enfant ; et, dans cet équipage, j’allai m’asseoir, avec ma femme de chambre de louage, aux Tuileries, sur les une heure. J’y étais à peine qu’un homme d’un certain âge vint s’asseoir près de moi, et prit le prétexte de mon fils, à qui il donna des bonbons d’une bonbonnière enrichie de perles, pour lier conversation avec la mère. Je glissai adroitement que, veuve d’un général tué à Moscou,