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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/104

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RUE PRINCIPALE

Falardeau, lui aussi, avait fait le rapprochement.

— Voyons ! s’écria-t-il. C’est ridicule ! On se croirait au cinéma ! La cause est entendue. On ne va tout de même pas s’amuser à allonger les débats indéfiniment !…

Il y eut entre la défense et l’accusation un échange de mots acerbes, échange auquel le juge mit fin en décrétant que, dans l’intérêt même de la justice, il fallait que monsieur Bernard fût entendu.

L’énigmatique vieillard fut introduit. Souriant et digne il prit place dans le box des témoins et prêta serment. Le silence s’était fait total : quatre cents personnes étaient suspendues aux lèvres de ce témoin de la onzième heure. Dans ce silence, la voix de monsieur Bernard s’éleva profonde, sonore, vibrante.

— Votre Seigneurie, dit-il, j’apporte ici la preuve formelle de l’innocence de Marcel Lortie. Après trois jours de recherches, j’ai retrouvé l’homme qui, pendant la bagarre, a glissé son revolver dans la poche de Marcel. Cet homme, je l’ai ramené à Saint-Albert, et il consent à se présenter devant vous, à la condition qu’on lui promette qu’il ne sera pas inquiété.

Le juge se tourna vers Falardeau.

— Vous entendez, maître ? dit-il.

— Oui, Votre Seigneurie, j’entends très bien, répondit le procureur de la couronne, j’entends parfaitement, mais je regrette, je n’entre pas dans cette combinaison-là. Si un homme vient dire ici « l’accusé n’est pas coupable et le coupable c’est moi », je ferai mon devoir, j’exigerai l’arrestation immédiate de cet homme.

— Décidément, mon savant confrère est un