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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/108

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RUE PRINCIPALE

— Vous savez ce que c’est que de prêter serment ?

— Ben, je pense, oui. Je suis pas un enfant d’école.

— Vous savez aussi où un faux serment peut vous conduire ?

— Je m’en doute un petit peu.

— J’ai promis ici, tout-à-l’heure, de vous laisser partir librement : mais je n’ai pas promis que je le ferais si vous vous parjuriez !

— Je me parjure pas, non plus !

— Je l’espère pour vous ! Vous avez dit que vous aviez mis votre revolver dans la poche de l’accusé pendant la bagarre ?

— Oui.

— Vous jurez ça ?

— Ben oui.

— Pouvez-vous jurer aussi, monsieur Vachon, que monsieur Julien Bernard ne vous a pas payé pour venir raconter ça au juge ?

Indigné, maître Léon Martin bondit.

— Mon adversaire n’a pas le droit de prononcer des paroles désobligeantes pour monsieur Julien Bernard, dont le seul but a été d’éclairer la justice !

— La défense a raison, maître Falardeau, trancha le juge. Je ne peux pas vous permettre de poser des questions pareilles au témoin.

Falardeau eut un geste de découragement.

— Dans ce cas-là, Votre Seigneurie, dit-il, je n’ai plus rien à dire.

Le greffier fit signe à Vachon qu’il pouvait se retirer. Le juge consulta ses notes et sa montre. Un rapide calcul mental lui apprit qu’il ne fallait même pas songer à jouer neuf trous avant la tom-